Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jamais sans mon Prozac
Jamais sans mon Prozac
Publicité
Derniers commentaires
Archives
7 septembre 2011

chapitre final

Il s’assoie devant son ordi. Il s’est servi un verre de vin. Du bon. Un peu jeune. Elle a pas mal râlé quand il a commandé la cave à vin. Elle lui avait dit qu’il ne se rendait pas compte de l’impact carbone de ce frigo.

Il y a une demi-heure il a avalé deux xanax. Elle ne sait pas qu’il en prend depuis bientôt cinq ans. Il les planque dans une boite de bonbons à la menthe. Comme ça il en a toujours sur lui. Il en reprendra avant de monter se coucher. Il faudra qu’il en reprenne. Il se connecte sur le blog. Pas de bruits. Dans sa tête vient se fracasser le bourdon sourd de la mélancolie.

Il se lance. Ça vient péniblement en crachoulli. C’est son dégueloir quotidien. Son blog le tient debout depuis tant de temps. Effet placébo. Chacun fait comme il peut.

Éclaircie dans la brume chimique. Il va falloir qu’il reprenne deux xanax et du vin. Péridurale. Expulser sa tristesse sans douleur. Car il souffre. Sur une échelle de un à neuf il est à dix. Il a de plus en plus mal et plus rien n’y fait. Il s’est demandé si...Au boulot pas mal de mecs prennent de la cocaïne. Il aimerait bien savoir ce que ça fait. Eux ils en prennent pour augmenter leurs performances. Mais lui ça pourrait le calmer. Il a essayer de ramener de l’herbe mais impossible de lui cacher. Elle a ri puis à tout foutu à la poubelle. Pense aux enfants lui a-t-elle dit. Elle n’a rien compris. Elle lui a dit que son coté immature ne la faisait plus rire. 

Fuir. Puis plus envie. Plus ce soir. Terminé. Pourquoi? Va comprendre. Ce soir il veut voir monter les vagues. Regarder la marée arriver et se laisser recouvrir par l’océan. Dans quelques minutes ce sera l’implosion. Il écrit d’instinct tout ce qui lui passe par la tête. Il sait qu’il ne fait que retarder la noyade. Avoir le sentiment d’étouffer encore et encore. Dernier réflexe pour tenter de ne pas remonter la surface. Puis plus rien. Il est toujours vivant. Il n’a plus mal. Ne pense plus à rien. Guéri? 

Certitude que cette pastille sera la dernière. Il a mis le mot fin. Il faut bien qu’il y en ait une. Dernier clic. Dernière bouteille envoyée dans le monde virtuel. Il ne sait plus depuis quand. Le code binaire rebondit contre les murs du labyrinthe pour atteindre, par hasard, sa destination finale. Son dernier post est maintenant visible. Ça il s’en fout. Il ne fait pas ça pour être lu, ça non. Certains laissent des commentaires. Et alors? Il le sait bien qu’ils sont pleins comme lui. Il ne se sent pas moins seul. À son âge, avec son expérience, il a compris qu’on est toujours tout seul. Face au vide de soi.

Il va essayer de dormir, un peu. Qui sait si demain, après demain, il ne se lèvera de bonne, bonne humeur. 

Publicité
Publicité
Commentaires
F
Et demain ça recommencera. Bien sûr, il aura ne serait-ce qu'une lueur d'espoir qui lui chuchotera de continuer, et il l'écoutera sans savoir trop pourquoi.<br /> Mais le soir venu, il recommencera. Il vomira ses trips sur son blog en espérant que ses propres mots viennent à son secours. Et il reprendra ses xanax comme les gosses avalent leurs bonbons. Et il s'en fiche s'il en prend trop, car il sait qu'il n'y a pas plus dangereux que ceux qui n'ont plus rien à perdre.
Publicité